Sommaire
- Luc Besson revisite Dracula mais tombe dans les pièges du romantisme cliché
- Quand un classique devient un mélodrame sans saveur
- De Bram Stoker à un conte d’amour banalisé
- Un scénario entre Transylvanie médiévale et Paris XIXe siècle
- Retour aux affaires pour Luc Besson — dans la tempête médiatique
- Un spectacle gothique riche mais superficiel
- Le cœur du problème : une romance qui sonne creux
- Et vous, qu’en pensez-vous ?
- En bref : Que retenir de “Dracula : A Love Tale” ?
- Ce que vous pouvez faire :
Luc Besson revisite Dracula mais tombe dans les pièges du romantisme cliché
Vous vous souvenez de Dracula, cette icône du vampire gothique, ténébreux et mystérieux ? Eh bien, préparez-vous à le redécouvrir sous un angle pour le moins… romantique, trop même. Avec “Dracula : A Love Tale”, Luc Besson s’attaque au légendaire roman de Bram Stoker, et le résultat perturbe autant qu’il intrigue.
Mais rassurez-vous, on ne déballe pas ici un pâle copier-coller des chefs-d’œuvre d’antan, non. La romance résolument assumée qu’il propose rame fort face à toutes les attentes, littéraires ou cinématographiques. Croyez-moi, ce que j’ai vu à l’écran m’a laissé bien perplexe…
Quand un classique devient un mélodrame sans saveur
De Bram Stoker à un conte d’amour banalisé
Le roman de Bram Stoker, publié en 1897, a nourri d’innombrables adaptations libres et passionnées. Figures emblématiques de la nuit, intrigues horrifiques et atmosphères sombres ont toujours dominé la scène. Mais pour Luc Besson, il ne s’agit pas tant du vampire effrayant que de retrouver « l’amour éternel » unissant Vladimir (Dracula) à Elisabeta, sa princesse réincarnée several siècles after, sous les traits de Mina. Ce tournant romantique n’est pas original en soi, mais la manière dont le réalisateur l’a concocté frise le cliché et la superficialité.
Un scénario entre Transylvanie médiévale et Paris XIXe siècle
L’action débute dans une sombre Transylvanie du XVe siècle, entre batailles sanglantes contre les Ottomans et un amour passionné déchiré par la mort d’Elisabeta. Suite à une malédiction divine lancée par Vladimir, devenu Dracula, l’éternité se transforme en quête désespérée pour retrouver celle qu’il aime, jusqu’à la capitale française en 1889, à l’époque de la Tour Eiffel fraîchement inaugurée et des célébrations du centenaire de la Révolution française.
Retour aux affaires pour Luc Besson — dans la tempête médiatique
Rappel importante qui change toute la perspective : cette sortie intervient alors que Luc Besson fait un retour très controversé au grand écran, après avoir été accusé de viol par l’actrice belge Sand Van Roy. Non-lieu prononcé, cour d’appel, Cassation… un long dossier judiciaire qui aura certainement teinté la réception du film.
Un spectacle gothique riche mais superficiel
- Le casting : Caleb Landry Jones incarne Dracula, apportant profondeur et intensité; à ses côtés, Zoë Bleu, qui malgré son côté encore méconnu, brille dans le rôle de Mina/Elisabeta.
- L’esthétique : Le budget conséquent (45 millions d’euros) permet à Besson de soigner le décor, costumes, atmosphères gothiques, épaulés par la musique magistrale de Danny Elfman, que les fans de Tim Burton reconnaîtront avec plaisir.
- Une mise en scène clinquante : Plans éclairs à la vitesse d’un clip, scènes spectaculaires et savoir-faire publicitaire visible, qui créent un rythme frénétique.
- Un dosage visuel et dialogues : Simplicité et humour adoucissent la multiplication des effets, mais peinent à masquer la vacuité émotionnelle du récit.
Le cœur du problème : une romance qui sonne creux
La tension du film devrait résider dans la passion intemporelle du prince maudit et de sa princesse. On en est loin. Le scénario sacrifie toute profondeur à un récit totalement stéréotypé : obsession sexuelle, passion à la limite de l’adolescence, absence quasi totale de vrai dialogue et d’émotions sincères.
Regardons la scène d’ouverture : un rapport de domination, plutôt que tendresse, met d’emblée le ton. Elisabeta/Mina devient une silhouette plus qu’un personnage, un objet désirable soumis au regard obsessionnel d’un homme torturé mais immature. Cette “malédiction” sur le vampire se transforme en malédiction pour sa femme, qui reste figée dans la douleur, l’isolement et la posture de femme sacrifiée et passive.
So what about Zoë Bleu alors ? Elle parvient à faire passer quelque chose d’humain malgré ce naufrage romantique, insufflant du vécu sous cette peau ensorcelée. Mais l’impression générale demeure : une histoire d’amour uniforme et plaquée, qui à force de vouloir séduire finit par perdre toute authenticité.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Luc Besson a-t-il vraiment réussi son pari de raviver Dracula sous l’angle romantique ? Le rendez-vous ciné le 30 juillet prochain sera instructif. Moi, je ne cache pas une déception face à cette énième adaptation où goodwill et moyens sont bien là, mais l’essentiel – l’esprit originel et la complexité émotionnelle – semble s’être évaporé. Pour Dracula, l’immortalité n’offre peut-être pas la paix. Pour les spectateurs, il faudra attendre un meilleur conte d’amour vampirique…
En bref : Que retenir de “Dracula : A Love Tale” ?
Aspect | Points clés |
---|---|
Histoire | Dracula volevole entre Transylvanie médiévale et Paris XIXe siècle, quête d’un amour éternel sans profondeur ni subtilité. |
Mise en scène | Ambiance gothique riche et spectaculaire, rythmé, oscillant entre horreur classique et romance moderne. |
Interprètes | Caleb Landry Jones convaincant, Zoë Bleu déploie une belle humanité malgré un rôle trop soumis. |
Problématique | Romance clichée, suspensions d’émotions, sexualisation excessive et vision féminine éclipsée. |
Contexte | Sortie controversée suite aux accusations portées contre Luc Besson, non-lieu consolidé juridiquement. |
Ce que vous pouvez faire :
- Notez vos attentes avant de voir le film pour ne pas être trop désillusionné.
- Appréciez la qualité visuelle et les compositions sonores sans pour autant vous forcer sur le récit.
- Analysez le film en gardant à l’esprit l’héritage immense du roman original pour mieux détecter les changements ratés.
- N’hésitez pas à lire ou revisionner d’autres adaptations pour garder un regard critique.
- Restez attentif au débat autour de l’artiste réalisateur et son influence sur l’œuvre.
En somme, Luc Besson nous propose un Dracula bardé d’atouts mais auquel manque surtout de la profondeur. Une leçon à retenir pour toute nouvelle adaptation : ne perdons jamais la richesse des personnages au profit d’un spectacle un peu trop tape-à-l’œil.