Sommaire
L’essentiel et les points à retenir :
- 4321 de Paul Auster est un roman complexe et captivant, différent de ses précédents ouvrages, avec un style et un point de vue politique intéressants.
- Le livre présente quatre chemins fictifs simultanés et indépendants de la vie du personnage central, Archibald Isaac Ferguson, offrant ainsi quatre vies parallèles et totalement différentes.
- Le roman, publié en 2017, est un pavé de 1016 pages, traduit de l’anglais par Gérard Meudal, et est disponible au prix de 28 €.
- Paul Auster a imaginé Ferguson comme une figure, une surface de projection et un moteur fictionnel, interrogeant ainsi ce qui pourrait fonder une identité américaine et notre rapport au réel.
- Le livre offre un récit complexe et émouvant, débutant avec la naissance d’Archibald Isaac Ferguson dans la maternité de l’hôpital Beth Israel à Newark, dans le New Jersey, le 3 mars 1947.
- 4321 est considéré comme une œuvre monumentale et est recommandé vivement par ceux qui l’ont lu.
Comment lire 4321 de Paul Auster ?
Paul Auster est mort hier à l’âge de 77 ans. En hommage à ce grand auteur américain, Palmares Magazine republie cet article de Christine Marcandier à propos de 4321, l’un de ses plus grands livres. Peut-être Paul Auster, en imaginant Ferguson, s’est-il souvenu de Rimbaud : « À chaque être, plusieurs autres vies me semblaient dues », tant ce délire pourrait être le creuset romanesque de 4321 et de son personnage central démultiplié. Ferguson est d’ailleurs moins un personnage qu’une figure, surface de projection comme mise à distance de son auteur, un moteur fictionnel comme une interrogation de ce qui pourrait fonder une identité américaine et notre rapport au réel.
Titre | Année de publication | Nombre de pages | Évaluation moyenne |
---|---|---|---|
4 3 2 1 | 2017 | 866 | 3.96 |
Une œuvre monumentale et captivante
4321 n’a rien à voir avec les romans précédents de Paul Auster. Le style a changé, avec des phrases plus longues et un point de vue politique intéressant dans cette Amérique en pleine effervescence. J’ai adoré ce roman à tiroir, je vous le recommande vivement. Depuis le temps que j’attendais cela (7 ans en fait) : Paul Auster a enfin sorti un nouveau roman, 4 3 2 1, un beau pavé de 1016 pages.
De plus, il est traduit de l’anglais (États-Unis) par Gérard Meudal (Actes Sud – 1024 pages – 28 €).
Un récit complexe et émouvant
Presque deux semaines avant la date prévue, le 3 mars 1947, dans la maternité de l’hôpital Beth Israel à Newark, dans le New Jersey, Archibald Isaac Ferguson, l’unique enfant de Rose et Stanley Ferguson, voit le jour. À partir de ce début unique, la vie de Ferguson prendra quatre chemins fictifs simultanés et indépendants. Quatre Fergusons identiques, faits du même ADN, quatre garçons qui sont le même garqué, mènent quatre vies parallèles et totalement différentes. Les fortunes familiales divergent. Les compétences sportives, les vies sexuelles, les amitiés et les passions intellectuelles contrastent. Chaque Ferguson tombe sous le charme de la magnifique Amy Schneiderman, mais chaque Amy et chaque Ferguson entretiennent une relation unique. Pendant ce temps, les lecteurs vivront les plaisirs de chaque Ferguson et souffriront des douleurs de chacun, tandis que l’intrigue mortelle de la vie de chaque Ferguson se précipite.
Auster a su mêler avec ingéniosité et construire avec dextérité un récit aussi inventif que tout ce qu’il a jamais écrit, tout en ayant une passion pour le réalisme et une grande tendresse, ainsi qu’un attachement féroce à l’histoire et à la vie même que les lecteurs n’ont jamais vu chez Auster auparavant. 4 3 2 1 est un tour de force merveilleux et inoubliable.
Un roman riche en détails historiques
Malgré les échos de la vie d’Auster tout au long du texte, le poids des détails historiques agit comme une défense contre le solipsisme. Auden et Isherwood ont autrefois écrit une pièce intitulée The Ascent of F6. Le roman d’Auster aurait pu s’appeler The Descent to F4, bien que le titre choisi, avec ses nombres décroissants, soit tout aussi approprié. Ce n’est pas un cas de Et Puis Il N’en Restait Plus Aucun, mais étant donné la turbulence de la période et les diverses catastrophes décrites (conflagrations, accidents de voiture, bagarres), un lourd bilan humain n’est pas surprenant. La perception par Auster de la fragilité de la vie trouve ses racines dans sa propre expérience. Adolescent en colonie de vacances, il a vu le garçon à côté de lui être tué par la foudre lors d’un orage électrique. Il offre une variante ici, quand un garçon au nom similaire à celui de Ferguson – Artie Federman – meurt d’une anévrisme cérébral. Les multiples identités sont impliquées dans de multiples drames.
Il y a eu un moment où Auster semblait considérer l’élan narratif comme une offense aux devoirs de la méta-fiction. Ce n’est pas le cas ici. Le lecteur est invité à se laisser emporter par le récit.