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Vous aimez Tiakola, paraît-il l’enfant prodige de la Seine-Saint-Denis ? Samedi soir dernier, j’étais là, au parc Georges Valbon à La Courneuve, pour voir le rappeur donner son premier concert dans sa ville natale, un événement gratuit organisé pour célébrer le premier anniversaire des Jeux olympiques de Paris. Oui, 25.000 personnes étaient présentes. Oui, l’ambiance était électrique. Mais laissez-moi vous raconter comment ce qui promettait d’être une fête mémorable a viré au cauchemar à cause d’un public parfois incontrôlable.
Quand Tiakola honore sa ville : un concert attendu comme le messie
Tiakola, de son vrai nom William Mundala, est devenu au fil des années une figure incontournable du rap français. De ses débuts dans le groupe 4Keus à sa tournée MELO WORLD TOUR couronnée de succès, l’artiste franco-congolais ne cesse de faire parler de lui, notamment grâce à ses mélodies accrocheuses et ses performances scéniques impressionnantes. La Seine-Saint-Denis, souvent montrée du doigt pour ses difficultés sociales, pouvait cette fois s’enorgueillir de son ambassadeur.
Le département avait organisé depuis début juillet le festival « Le Bel été » pour regrouper habitants autour d’activités gratuites et de spectacles — et quel spectacle ! Jusqu’au dernier soir. L’engouement a été tel que les transports vers La Courneuve étaient bondés, les billets joués à l’avance malgré la gratuité, et les fans stockaient fièrement les t-shirts exclusifs signés Tiakola x Nike. Ce concert, piloté devant une foule diverse originaire d’un melting pot africain et parisien, était sensé être une célébration joyeuse et un moment fédérateur. Avec une délégation du Comité International Olympique présente, on s’attendait à une soirée à la hauteur.
Le paradoxe d’une soirée gâchée par des débordements inacceptables
Mais très vite, la tension monte. Dès le début de la soirée, le DJ assure l’ambiance, enchaînant les hits d’artistes populaires tandis que le parc se remplit et vibre d’excitation. Pourtant, temps d’attente long et mauvaise gestion de la foule font monter la frustration. Une dizaine de minutes avant le concert, le public, loin d’être sage, commence à devancer les règles : bousculades, bagarres sporadiques, jets d’objets. Le service de sécurité doit intervenir, tandis que Tiakola, tout en lançant ses premiers morceaux, doit haranguer la foule plusieurs fois pour calmer ces comportements.
“Faites doucement devant, il y a des familles et des enfants, je ne pourrai pas continuer sinon”, répète-t-il comme un gendarme malgré lui.
Une perruque qui vole dans les airs, des chaussures envoyées à la figure, des mêlées et des jeunes qui se la jouent « les plus costauds du 93 » : le spectacle se transforme en une lutte pour la sécurité et le respect. C’est rageant pour tous ceux qui étaient venus partager un moment d’émotion. Certains dans la foule ne cessent de rire de cette pagaille, balayant d’un revers de main l’importance du concert et du message derrière l’événement. C’est une vraie défaite pour la représentation de cette jeunesse.
Tiakola au cœur de l’orage : un artiste exemplaire face à l’adversité
Malgré ce chaos ambiant, Tiakola ne baisse pas les bras. Il déclenche ses meilleurs titres, invitant ses anciens compagnons du groupe 4Keus sur scène, livrant un set prolongé qui ravit ses vrais fans. Il finit même en beauté avec “PONA NINI” et “Psychologique” sous une pluie d’applaudissements et un feu d’artifice éclatant en arrière-plan, célébrant l’anniversaire des Jeux.
Pourtant, le visage du concert reste marqué par cette double réalité : une performance artistique de haut niveau face aux côtés sombres des comportements de certains spectateurs. La soirée restera dans les mémoires, mais avec un goût amer, entre l’admiration pour Tiakola et la consternation devant le chaos.
Ce que nous retenons — et la leçon à tirer
- Tiakola est plus qu’un rappeur : il incarne une fierté locale et une réussite pour toute la Seine-Saint-Denis.
- Quand l’excitation et les mauvaises attitudes prennent le dessus, même un show gratuit avec 25.000 fans peut vite déraper.
- La sécurité a dû être renforcée considérablement, preuve du défi que pose la gestion des foules.
- Le respect des familles, des enfants et du spectacle doit être au cœur de tout événement public, qu’il soit gratuit ou non.
- Tiakola, exemplaire, a su garder son professionnalisme malgré la pression — une preuve de son attachement à sa ville et à ses fans.
Alors, la prochaine fois que vous irez voir votre artiste favori, pensez à quel point il est précieux de faire la fête sans faire la guerre. Tiakola l’a compris, reste à tous les spectateurs d’en faire de même — pour que jamais la musique ne soit étouffée par le bruit de la frénésie incontrôlée.