Sommaire
- « Sydney Sweeney Has Great Jeans » : un slogan qui choque
- Quand la pub s’invite dans un débat sur le déterminisme génétique et le racisme
- Sydney Sweeney en première ligne : déclaration et réactions
- American Eagle : retombées sur Wall Street et stratégies marketing
- Alors, que faut-il retenir ?
- Que faire si vous êtes concernés ou touchés par cette campagne ?
- En conclusion : une publicité qui fait réfléchir
Vous avez sûrement déjà vu ces images choc : Sydney Sweeney, la star du moment, en pantalon patte d’eph, ferme le capot de sa voiture, puis s’essuie les mains sur ses fesses. Plus tard, elle défile devant son miroir, en jean moulant. Ce ne sont pas des photos anodines. Ces clichés font partie de la nouvelle campagne publicitaire d’American Eagle, et croyez-moi, ils font bien plus parler qu’on ne l’aurait prévu.
Pourquoi une campagne mode déclenche-t-elle une controverse aussi caliente ? Ce n’est pas qu’une histoire d’hypersexualisation sexy mais quelque chose de bien plus profond, tordu, et surtout, délicat : l’eugénisme. Oui, vous avez bien lu. Explications.
« Sydney Sweeney Has Great Jeans » : un slogan qui choque
La nouvelle campagne d’American Eagle s’appelle « Sydney Sweeney Has Great Jeans », ce qui signifie en français « Sydney Sweeney a de bons jeans ». Jusque-là, rien d’exceptionnel, me direz-vous. Ce qui cristallise la controverse, c’est un jeu de mots en anglais : la prononciation du mot « jeans » est presque identique à celle du mot « genes » (« gènes » en français).
Oui, le slogan sonne comme « Sydney Sweeney has great genes », phrase entendue depuis des décennies pour évoquer (de façon controversée) la « qualité » génétique d’une personne, souvent associée à la blancheur, la minceur, ou un idéal de beauté très influencé par une certaine vision racialiste et eugéniste.
American Eagle n’a pas seulement posté ce slogan sur ses réseaux sociaux, ils l’ont aussi affiché en gigantesques panneaux à Times Square à New York et à Las Vegas. Résultat ? Ce choix maladroit, ou délibéré selon certains, a suscité un véritable tollé dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Quand la pub s’invite dans un débat sur le déterminisme génétique et le racisme
Vous ne le savez peut-être pas, mais aux États-Unis, les discours sur le « grand remplacement » et le déterminisme génétique ont été exploités par l’extrême droite pour justifier des violences racistes, comme ce fut tristement le cas avec le tireur de Buffalo en 2022. Ce dernier s’est appuyé sur des théories conspirationnistes mêlant génétique et pureté raciale, un cocktail explosif et dangereux.
Dans ce contexte, utiliser un slogan qui joue (même involontairement) sur « great genes » sonne comme une véritable provocation pour beaucoup. Le magazine Salon l’a souligné : ce jeu de mots évoque un passé trouble où la beauté et la valeur d’une personne étaient évaluées en fonction de ses « qualités génétiques » supposées, souvent teintées de racisme et d’eugénisme.
Sydney Sweeney en première ligne : déclaration et réactions
Dans une vidéo publiée par American Eagle, Sydney Sweeney apparaît en train de reboutonner son pantalon et de réfléchir haut et fort à ce que signifient les « gènes ». Elle déclare notamment : « Les gènes sont transmis des parents à leurs enfants, déterminant souvent des traits comme la couleur des cheveux, la personnalité et même la couleur des yeux… Mes gènes sont bleus. » Plus tard, elle ajoute : « La composition de mon corps est déterminée par mes gènes », avant de taquiner la caméra en disant « Hey, regardez par ici » en montrant sa poitrine.
Ces vidéos sont rapidement devenues le théâtre d’un intense débat en ligne. Beaucoup ont dénoncé ce qu’ils perçoivent comme une banalisation ou une insensibilité à des thématiques lourdes de sens et choquantes. Les commentaires dénoncent notamment un glissement vers des idéologies dangereuses, voire un soutien inconscient à des idées d’extrême droite. Une internaute lance, par exemple : « Peut-être faudrait-il penser à changer votre nom pour ‘Aryan Eagle’ », en référence directe aux idéaux racistes nazis. D’autres appellent carrément au boycott de la marque, tandis que certains ironisent en affirmant partir chez Levi’s plutôt qu’American Eagle.
Cependant, ce n’est pas l’unanimité. Le journal français Le Figaro rapporte que certains supporters, notamment parmi les sphères conservatrices et anti-woke, saluent cette campagne comme un coup d’arrêt au « wokisme » qu’ils jugent excessif. En tête, Zia Yusuf, ancien dirigeant du parti d’extrême droite britannique Reform UK, a encouragé Jaguar à suivre cet « exemple ». Une controverse qui dépasse donc largement le simple univers de la mode, entre tensions culturelles et politiques.
American Eagle : retombées sur Wall Street et stratégies marketing
Surprise : cette tempête de critiques n’a pas plombé American Eagle. Bien au contraire ! Après une année difficile où le titre a chuté de 35 %, la marque américaine a vu ses actions bondir de plus de 10 % en quelques jours, selon Reuters. La campagne est d’ailleurs la plus coûteuse jamais réalisée par la marque.
Jennifer Foyle, la présidente d’American Eagle, n’a pas répondu directement à la polémique. Elle a toutefois rappelé que la campagne a aussi pour but de soutenir des associations combattant les violences conjugales, un autre combat important, histoire de donner un coup de projecteur positif à ce projet.
De son côté, Sydney Sweeney s’est dite extrêmement satisfaite de la campagne. Dans une interview au magazine NYLON, elle confie qu’elle s’est sentie « très en confiance » sur les photos et qu’elle aurait aimé partager l’intégralité des clichés, mentionnant même la présence attendrissante de son chien Sully lors du shooting. Elle se projette aussi dans son rôle : selon elle, son personnage de Cassie dans la série à succès Euphoria « vivrait pour American Eagle », sous-entendant une identification parfaite avec la marque, sa jeunesse et son attitude espiègle.
Alors, que faut-il retenir ?
Au croisement de la mode, de la politique et des débats sociaux brûlants, la campagne American Eagle avec Sydney Sweeney a déclenché une tempête d’indignation… mais aussi de soutien. Il est fascinant (et inquiétant) de voir comment un simple jeu de mots peut résonner avec des blessures historiques et idéologiques toujours vives.
Les prises de position sont clivantes :
- Pour certains : cette publicité banalise ou insinue un discours eugéniste et raciste, dangereux dans un monde où ces idées continuent de faire des dégâts.
- Pour d’autres : c’est un signal fort contre le « wokisme », une liberté d’expression revendiquée dans le marketing et la culture pop.
Par ailleurs, ne vous laissez pas berner par la simple apparence : derrière un slogan à l’allure anodine se cachent parfois des messages lourds de conséquences, intentionnels ou non. Vous, lecteur·rice, êtes en droit de questionner et de refuser des campagnes qui semblent minimiser des problématiques sensibles.
Que faire si vous êtes concernés ou touchés par cette campagne ?
Voici quelques pistes si vous souhaitez agir ou simplement mieux comprendre :
- Informez-vous : cherchez à savoir d’où viennent ces critiques, l’histoire du déterminisme génétique et son usage politique.
- Exprimez-vous : sur les réseaux sociaux ou via des pétitions, faites entendre votre opinion.
- Boycottez si besoin : rien ne vous oblige à soutenir une marque qui vous paraît problématique.
- Soutenez les causes positives : notamment les associations qui luttent contre le racisme ou les violences conjugales, comme le fait la campagne finalement.
- Restez vigilant : analysez toujours les messages publicitaires, ne prenez rien pour argent comptant.
En conclusion : une publicité qui fait réfléchir
La campagne d’American Eagle avec Sydney Sweeney est révélatrice d’un moment particulier dans nos sociétés : celui où les discours marketing croisent les tensions politiques et sociales. Derrière un simple jean, c’est une réflexion plus large sur l’identité, la liberté d’expression, et les tabous qui se joue. Plus qu’une pub, c’est un miroir tendu à notre époque.
Alors, prêt·e à regarder votre jean d’un œil neuf ?